Le top 5…

… des préjugés complètement à côté de la plaque déjà entendus à propos des traducteurs indépendants (et autres indépendants, d’ailleurs)… (outre ceux-ci, bien sûr)

1) Vous autres, les indépendants, vous arrivez toujours à vous arranger, hein (regard appuyé – suivi ou précédé d’un clin d’oeil – et sourire plein de sous-entendus)
C’est de loin celui qui m’irrite le plus. Depuis neuf ans, je n’ai pas fait une seule traduction sans facture. Ah si, une. Pour une vieille voisine de mes parents. Ancienne « travailleuse forcée », elle ne comprenait pas le courrier que lui avaient envoyé les autorités allemandes concernant une pension à laquelle elle avait droit. Et j’avoue, j’ai accepté le ballotin de pralines (une boîte de chocolats, c’est tout de suite moins bon) qu’elle m’a offert en guise de paiement. J’ai fraudé, c’est ma faute, c’est ma très grande fraude. Mea maxima culpa. Pour le reste, je tiens mes archives et ma comptabilité à la disposition du contrôleur des impôts.
A toutes fins utiles, rappelons que s’il y a des indépendants qui travaillent en noir, c’est aussi parce qu’il y a des clients qui acceptent (voire qui demandent) que l’on travaille en noir pour eux, hein. Bon. Question suivante.

2) Comment ça, vous ne traduisez que vers le français ??? Mais vous êtes traductrice, quand même ???
Ben oui, justement. Je ne maîtrise (à peu près) qu’une seule langue. La mienne. C’est la seule dont je connaisse (à peu près) les nuances. La seule dans laquelle je raconte des blagues, dans laquelle je peux inventer des jeux de mots et dans laquelle je peux vraiment exercer mon esprit de répartie (sauf traits de génie ponctuels – très ponctuels). C’est celle dans laquelle je compte spontanément, aussi (mais bon, je n’ai pas fait maths fortes, non plus). Bref, c’est ma langue maternelle. Je n’ai pas la chance de faire partie des surdoués qui évoluent avec autant d’aisance dans deux, voire trois langues. Je suis normaaaaaale, bouh-ouh-ouh.

3) Tu as de la chance, toi, tu peux t’organiser pour ton boulot…
C’est assez relatif. En période d’activité intense, j’ai surtout la liberté de commencer à 6 heures et de terminer à minuit, voire plus tard. OK, ce n’est pas tous les jours, mais ça arrive. Je suis libre de travailler le week-end, aussi. Pour le reste, j’ai aussi 24 heures dans une journée. Et si je dors moins de 8 heures, il ne faut rien me demander. Rien. Et puis je mange, aussi. Beaucoup. Souvent. Si j’ai du boulot pour 12 heures, ça laisse assez peu de marge… Ce qui me laisse toujours avec cette question : comment font les autres ??? (et encore, depuis le début de notre vie commune, mon cher et tendre prend absolument tout en charge dans le ménage. Toutes les femmes n’ont pas la même chance. Sans compter que nous n’avons pas d’enfants.)

4) Tu as de la chance, tu n’as pas de patron.
Ni de congés payés, d’ailleurs. Mais bon, passons. C’est vrai que c’est une chance de ne pas avoir de patron. Ni de collègues de bureau. Pas d’éléments perturbateurs, quoi. Comme disait une collègue, c’est assez sympa de pouvoir traîner en pyjama ou en vieux survêt’ toute la journée, mais là où il faut se méfier, c’est quand on commence à inviter le livreur d’ABX ou de DHL à prendre une tasse de café parce que c’est la seule personne qu’on a vue de la journée. Effectivement, là, ça craint. Etant assez peu sociable par nature, cela ne me pose pas trop de problème, mais il faut pouvoir. Et il faut veiller à cultiver des liens sociaux par ailleurs, sinon on devient assez vite « ours ». Et non, je ne suis pas en pyjama (ni en vieux survêt’).

5) …
Je laisse faire votre imagination…