Bon comme un bonbon…

Je viens de découvrir ce spot à la télé, et je ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous… Pour les non-Belges et les non-francophones – qui risquent de ne pas comprendre grand-chose – il fait allusion aux différences lexicales entre le français parlé à Liège (en Wallonie) et à Koekelberg (en région bruxelloise)… Tout simplement délicieux…

 

Le Bois du Cazier

Ce week-end, nous accueillions des amis parisiens. L’occasion de leur faire un peu découvrir notre région…

Au programme, après un passage obligé par un bon moules-frites vendredi soir, la visite du charbonnage du Bois du Cazier, à Marcinelle (Charleroi)

marcinelle

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le Bois du Cazier est le charbonnage où s’est produite la plus grave catastrophe minière de Belgique, le 8 août 1956. Ce jour-là, une série de négligences et d’erreurs humaines aura coûté la vie à 262 mineurs de 12 nationalités.

Lieu de mémoire, le site du charbonnage accueille les visiteurs depuis 2002. On peut y découvrir plusieurs musées, dont un espace consacré à la mine, un mémorial de la catastrophe, un musée de l’industrie et un musée du verre. Autant de lieux qui nous parlent du riche passé industriel de la Belgique mais aussi de l’exploitation de l’homme par l’homme. Ils nous parlent aussi de l’immigration en Belgique, et plus particulièrement de l’immigration italienne, de ces hommes qui, sur de fausses promesses, ont quitté le soleil des Abruzzes avec des rêves plein la tête pour venir s’enterrer dans le « Pays noir », où ils seront traités pire que du bétail.

Franchement, pour ceux qui en ont l’occasion, une visite s’impose. Idéalement, avec un guide, qui vous racontera toutes les petites histoires dans la grande (une visite guidée est proposée aux « individuels » le premier samedi de chaque mois à 15h30). Mais n’oubliez pas vos Kleenex, parce qu’on en ressort assez secoué.

À noter, pour les plus sportifs, que le charbonnage est situé sur le « sentier des terrils » (le GR412) qui relie Bernissart (et ses iguanodons) au charbonnage de Blégny (et son musée de la mine), soit près de 300 km dans des paysages souvent d’une très grande beauté (les terrils ayant été rendus à la nature). Qui sait, vous croiserez peut-être mon cher et tendre en route (mais il va falloir vous dépêcher : il en a déjà parcouru plus de la moitié).

Nos estans firs di nosse pitite patreye !

Après Gôgueule, voici… Wikipedia e walon… Une gageure quand on connaît la diversité des dialectes en Wallonie… (merci à Laetitia pour l’info !!!)

Alors, reconnaissez-vous cette ville ? Allez, un petit effort…

« C’est l’ mwaisse veye del Province do Hinnot, eyet di l’ arondixhmint do minme no, k’ a divnou ene intité.
A vey :
– Li catedråle gotike di Sinte-Wådrou
– Li befwrè
– Li Måjhone del Veye
– Des belès divanteures di måjhon des trevéns espagnols
– Li séndje do grand gåre: po-z aveur des cwårs, i lyi fåt froyî l’ tiesse del gåtche mwin.
– Li djårdén do mayeur, avou l’ posteure do Ropiyeu, on gamén ki spite les djins ki passèt
– Li posteure da Marcel Gillis, sicrijheu d’ tchansons et pondeu »

Alors, mmmh ?

L’école des Belges

Encore une petite note, la dernière de la soirée, pour vous parler d’un petit livre génial que m’a offert mon cher et tendre (qui veille à ma culture, que dis-je, à mon instruction) : L’école des Belges. Dans un monde parfait, ce petit recueil servirait de manuel scolaire dans toutes les écoles secondaires, pour le volet « Littérature d’expression française en Belgique » du programme. Amusant, ce livre de 144 pages présente dix romanciers belges contemporains – et vivants – (André-Marcel Adamek, Philippe Blasband, Francis Dannemark, Xavier Deutsch, Thomas Gunzig, Xavier Hanotte, Armel Job, Amélie Nothomb, Bernard Tirtiaux et Jean-Philippe Toussaint). Le lecteur y trouvera une biographie des auteurs par eux-mêmes (déjà une pièce d’anthologie dans certains cas), des extraits de romans, une analyse générale de l’oeuvre de l’auteur et de l’un de ses romans caractéristiques, le point de vue des libraires, professeurs de français et critiques littéraires, etc. Jamais ennuyeux, souvent drôle, parfois touchant, toujours instructif. De quoi vous donner envie de (re)découvrir les lettres (de noblesse) de notre petit pays ! Et d’étendre vos recherches à d’autres auteurs « oubliés » ici parce que plus anciens, décédés ou pratiquant essentiellement un genre littéraire autre que le roman (y compris l’excellent Charles Bertin, dont « La petite dame en son jardin de Bruges » reste un véritable régal, ou encore l’émouvant poète engagé Marcel Thiry).

A noter qu’un second volume est en préparation… Inutile de vous dire qu’il est déjà tout en haut de ma « wish list »…

Everything is Jake!

Après une petite pause bien méritée pour fêter dignement la Saint-Nicolas (ok, ok, on peut – théoriquement – bloguer et manger du chocolat en même temps, mais pas quand on dicte, et j’avais la flemme hier), me voici de retour. Je n’ai pas encore grand-chose à dire aujourd’hui (il n’est que 7 heures du matin, aussi), mais je me rends compte que je ne vous ai pas encore signalé l’existence d’une ressource assez amusante : le dictionnaire du slang des années 20 (en anglais).

Et puis, pour tous ceux qui ne savent plus bien qui est Saint Nicolas et pourquoi on le fête le 6 décembre (en Belgique et dans d’autres pays), c’est par ici !

C’est la ducasse !

« Pendant la ducasse, à l’achat d’une mitraillette, le coca (33 cl) est offert ».

Je vous rassure, cette promotion, qui laissera beaucoup d’entre vous perplexes, n’a rien de belliqueux. Minnie, la gérante du snack-bar de mon quartier, veut simplement signaler qu’elle offre une boisson à toute personne achetant une spécialité « gastronomique » (hum) bien belge pendant toute la durée de la fête foraine.

Je passe rapidement sur ladite mitraillette (aussi appelée « routier » dans certaines régions de Belgique), qui n’est rien d’autre qu’une demi-baguette fourrée avec une « viande » frite type hamburger ou autre (la liste des spécialités industrielles à base de viande servies dans les friteries semble s’allonger chaque jour), des frites (welcome to Belgium !) et une sauce au choix (à vue de nez, une trentaine d’options chez Minnie). Vous ne rêvez pas : c’est bien le portrait-robot d’un sandwich à la frite. Vous en rêviez, les Belges l’ont fait. On n’a pas de pétrole mais on a des idées. Passons.

L’autre terme qui vous aura posé problème dans le texte de la promo est sans aucun doute le mot « ducasse ». Une ducasse, dans le Nord de la France et dans la province belge du Hainaut (et nulle part ailleurs à ma connaissance), c’était, à l’origine, une fête patronale. Le mot « ducasse » viendrait d’ailleurs de « dédicace », fête catholique. Aujourd’hui, la ducasse désigne plus largement une fête populaire (par exemple, la fête foraine qui nous occupe ou une fête de quartier, comme la « ducasse de Messine » ou la « ducasse Saint-Fiacre », toujours à Mons).

Ceci dit, attention : je parle de « la ducasse », pas de LA  Ducasse. La Ducasse, à Mons, c’est l’évènement de l’année ! Celui que les Montois attendent avec impatience 364 jours par an (d’ailleurs, il reste 203 jours avant la prochaine édition). Celui qui les ramène tous à l’église, croyants et non-croyants confondus, pour une incroyable prière à Sainte-Waudru.

Celui qui les fait se lever aux aurores un dimanche matin. Celui pendant lequel ils tremblent pour leur ville et pour Saint Georges. Celui pendant lequel ils invitent leurs « Chambourlettes » à déguster des côtes de porc à l’berdouille et de la tarte aux groseilles vertes. Pour savoir ce qui s’y passe, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour ici ou ici.

A noter encore que la Ducasse de Mons, tout comme celle d’Ath, non moins célèbre, sont désormais inscrites au Patrimoine oral et immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Pour la mitraillette, il faudra encore attendre un peu…

A force de beurrer des tartines…

« …tu vas t’attirer de gros sandwiches », chantait notre Jean-Luc Fonck (Sttellla) national, il y a une dizaine d’années déjà.

J’écoute d’une oreille distraite une énième page de publicité sur une grande chaîne privée française et qu’entends-je ? Une célèbre marque de pain de mie industriel prédécoupé (celle qui porte le même nom qu’un entraîneur des Bleus désormais mythique) propose un nouveau produit. Du pain de mie en forme de tartine. Rien que ça. Ca me laisse assez perplexe. Pour moi, de langue maternelle belge certes (cette fois, c’est sûr), une tartine, c’est une tranche de pain, beurrée ou non, avec quelque chose qui se mange dessus (ou dedans, parce qu’en Belgique, on referme sa tartine, si-si). Comme une tartine de confiture, par exemple. Pas une tranche de pain de mie avec une forme particulière. J’en ai déduit que les tartines ne sont pas les mêmes à Bruxelles et à Paris. Sauf que… pour le Grand Robert, une tartine, c’est…

– 1. Tranche de pain recouverte de beurre, de confiture… – aussi Fripe. Tailler une tartine dans le pain (- Gré, cit. 10). Rôtir les tartines (- Fourchette, cit. 2). Tartines grillées (1. Griller, cit. 1). – Rôtie, toast. Préparer des tartines pour le petit déjeuner, pour le goûter d’un enfant. Étaler du beurre sur une tartine. – Tartiner. Tartine de pain beurré (- Éplucher, cit. 2; régal, cit. 2). – Par ext. Tartine de confiture (cit. 2), de fromage blanc.

– 2. (1823, in Matoré, le Vocabulaire sous Louis-Philippe, p. 147, nd 4; d’abord argot des comédiens et des journalistes). Fam. Long article de journal (- Histoire, cit. 50); grand discours; développement interminable sur un sujet quelconque. – Laïus. Écrire, pondre une grande tartine. Il a fait là-dessus toute une tartine. (Ca, c’est le sens qui s’applique le mieux à ce billet, sans doute !!!)

Bref, il faudra quand même qu’on m’explique comment on peut faire du pain de mie en forme de tartine. A moins que quelque chose m’échappe ???

Encore une petite lichette ?

Ca y est. « On » vient une nouvelle fois de me proposer LE job impossible. Vais devoir le refuser si ça continue. Un client me demande une traduction vers le belge. Mince. Si seulement je savais de quoi on parle !

La Belgique. 10 millions d’habitants. Un État fédéral. Trois communautés (flamande, française, germanophone). Trois régions (flamande, bruxelloise, wallonne). Dix provinces. 17 gouvernements (je vous jure que je n’exagère pas – et je ne suis même pas sûre de ne pas en oublier, entre gouvernements fédéral et fédérés). Trois langues officielles (le néerlandais, le français et l’allemand). Mais une langue belge ??? Quoique. Parce qu’à bien y réfléchir, le belge, ce serait peut-être bien la langue dont quelque 55 millions de nos voisins du Sud parlent une étrange variante…

Hé oui, Amis français, je me demande souvent comment vous faites, sans lichettes à vos vêtements ? Moi, ça me ferait zûner ! Et puis, chez vous, il n’y a pas de subsides, il ne drache jamais, les baptisés ne guindaillent pas devant les valves de leur auditoire, on ne fait jamais de cumulets ni de coupérous en stoemelings, votre femme à journée ne fait pas blinquer le kot de votre rawette avec une chamoisette ou une loque à reloqueter, vous ne payez pas vos factures endéans les huit jours, vous ne tapez jamais à pouf ni à gaille, vous ne jouez jamais au vogelpik et puis, comble de l’horreur, vous essuyez vos casseroles avec un torchon ! Vous n’avez pas trop dur, sans chicons, cuberdons ni babeluttes ? Non, peut-être !

Une ch’tite traduction ?
– Lichette : une lichette, en Belgique, c’est comme chez vous, un petit bout de quelque chose, mais c’est aussi le petit cordon ou ruban cousu à l’intérieur des vestes et des manteaux, par exemple, qui permet de les suspendre quand on n’a pas de cintre sous la main.
– Zûner, c’est râler, bisquer.
– Les subsides, ce sont des subventions.
– Dracher, ça veut dire pleuvoir très fort. Si ça se passe un 21 juillet (jour de notre fête nationale), on parle de « drache nationale ».
– Les baptisés (les étudiants qui ont fait leur « baptême » – bizutage -, l’ex-bleusaille, quoi !) ne guindaillent pas (ne font pas la fête en buvant beaucoup de bière) devant les valves (le tableau d’affichage) de leur auditoire (leur salle de cours).
– Cumulets et coupérous : dans les deux cas, la culbute.
– En stoemelings (prononcer stoumelign(e)kss) : en cachette.
– Votre femme à journée (femme de ménage) ne fait pas blinquer (briller) le kot (la chambre d’étudiant) de votre rawette (de votre petit dernier) avec une chamoisette (une chamoisine) ou une loque à reloqueter (un chiffon).
– Endéans : sous, dans un délai de.
– Taper à pouf/à gaille ou jouer au vogelpik (prononcer vaugueulpik), c’est la même chose : c’est y aller au pifomètre !
– Torchon. Chez nous, c’est une serpillière. Vous comprenez donc mieux notre émoi quand vous cherchez un torchon pour essuyer la vaisselle, là où nous utilisons un essuie…
– Casseroles : chez nous, c’est à peu près n’importe quel récipient destiné à la cuisson des aliments doté de deux poignées et d’un couvercle. Ca marche aussi pour les moules, mais là, on en a des spéciales : des casseroles à moules.
– Avoir dur : expression épouvantable signifiant « éprouver des difficultés ».
– Des chicons, ce sont des endives, mais ça, vous commencez à le savoir ! 😉 Moins connus, les cuberdons (bonbons extrêmement sucrés, durs à l’extérieur, crémeux à l’intérieur, rouges foncés (les seuls vrais), de forme conique, qui collent aux dents. Un vrai bonheur !) et les babeluttes (des caramels durs, légèrement salés, spécialité incontestée de Furnes et de la région de Bruges).
– Si un Belge vous dit « Non, peut-être ! », assurez-vous quand même qu’il ne veut pas dire « Oui, bien sûr », surtout si vous vous promenez du côté de Bruxelles…

Rassurez-vous, j’ai forcé le trait ! Au quotidien, nous parlons… comme vous, à quelques petites exceptions près !!! Si notre parler d’Outre-Quiévrain (enfin… de ce côté-ci de Quiévrain) vous plaît, vous trouverez sur Internet une foultitude de sites qui ne manqueront pas de vous intéresser… Perso, j’ai relevé celui-ci. A conseiller aussi (surtout aux traducteurs francophones de Belgique !) : l’ouvrage Dictionnaire des belgicismes.

Et dans votre région, y a-t-il aussi des expressions aussi typiques que savoureuses ?