L’allemand, c’est facile

Ce n’est pas de moi… C’est une histoire bien connue qu’une collègue allemande nous a envoyée…

L’allemand est une langue assez facile. Quiconque connaît le latin et est habitué aux déclinaisons l’apprend sans grandes difficultés. C’est ce que les professeurs d’allemand affirment lors de la première leçon. Ensuite on commence à étudier les der, des, den, dem, die. Et les professeurs de nous répéter que tout cela est logique – et  donc facile. Pour s’en rendre compte, regardons un exemple d’un peu plus près :

Vous commencez par acheter Le livre d’allemand. C’est un livre magnifique, publié à Dortmund, qui raconte les us et coutumes des Hottentots (en allemand : Hottentotten).

Le livre raconte que les kangourous (Beutelratten) sont capturés et placés dans des cages (Kotter) couvertes d’un écran (Lattengitter) pour les protéger des intempéries. Ces cages s’appellent en allemand « cages couvertes d’un écran » (Lattengitterkotter) et lorsqu’elles contiennent un kangourou, on dit de celui-ci qu’il est « Lattengitterkotterbeutelratten ». Un jour, les Hottentots arrêtèrent un assassin (Attentäter) accusé d’avoir tué une mère hottentote (Hottentottenmutter), qui avait un fils bête et bégayeur (Stottertrottel).

Cette mère s’appelle en allemand Hottentottenstottertrottelmutter, et son assassin Hottentottenstottertrottelmutterattentäter.

La police capture l’assassin et le met provisoirement dans une cage à kangourou (Beutelrattenlattengitterkotter), mais le prisonnier s’échappe. Les recherches commencent immédiatement. Soudain, un guerrier hottentot s’écrie :
– J’ai capturé l’assassin (Attentäter).
– Oui ? Lequel ?, demande le chef.
– Le Lattengitterkotterbeutelratterattentäter, répond le guerrier.
– Comment, l’assassin qui est dans la cage à kangourou couverte d’un écran ?, demande le chef des Hottentots.
– C’est bien cela, le Hottentottenstottertrottelmutterattentäter (L’assassin de la mère hottentote de l’enfant bête et bégayeur).
– Mais, s’exclame le chef hottentot, tu aurais pu dire tout de suite que tu avais capturé le Hottentottenstottertrottelmutterlattengitterkotterbeutelrattenattentäter.

Comme vous pouvez le constater, l’allemand est une langue facile. Il suffit de s’y intéresser…

Bon comme un bonbon…

Je viens de découvrir ce spot à la télé, et je ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous… Pour les non-Belges et les non-francophones – qui risquent de ne pas comprendre grand-chose – il fait allusion aux différences lexicales entre le français parlé à Liège (en Wallonie) et à Koekelberg (en région bruxelloise)… Tout simplement délicieux…

 

Le Guide anglais français de la traduction

Une fois n’est pas – encore – coutume, je voudrais vous présenter d’un ouvrage de référence que je trouve particulièrement utile et intéressant.

Il s’agit du Guide anglais français de la traduction de René Meertens, paru chez Chiron Éditeur (ISBN 2-7027-1047-6 pour l’édition de 2004).

Pour faire simple, disons qu’il s’agit de l’ouvrage à consulter quand les dictionnaires traditionnels ne peuvent plus vous aider.

Présentation de l’éditeur :

« […] Il [Ce guide] répertorie méthodiquement les diverses significations de mots et d’expressions difficiles à traduire, privilégie les pièges du vocabulaire anglais et propose un gamme très riche d’équivalents. […] Les mots et expressions traités sont ceux qui figurent dans les textes auxquels sont confrontés quotidiennement les traducteurs professionnels. […] »

En bref, il se situe quelque part à mi-chemin entre un super-dictionnaire traductif, un dictionnaire explicatif, un dictionnaire idiomatique et un dictionnaire analogique.

À défaut de pouvoir l’apprendre par cœur, on peut toujours en faire son livre de chevet (et un fidèle compagnon dans la vie de tous les jours).

Nos estans firs di nosse pitite patreye !

Après Gôgueule, voici… Wikipedia e walon… Une gageure quand on connaît la diversité des dialectes en Wallonie… (merci à Laetitia pour l’info !!!)

Alors, reconnaissez-vous cette ville ? Allez, un petit effort…

« C’est l’ mwaisse veye del Province do Hinnot, eyet di l’ arondixhmint do minme no, k’ a divnou ene intité.
A vey :
– Li catedråle gotike di Sinte-Wådrou
– Li befwrè
– Li Måjhone del Veye
– Des belès divanteures di måjhon des trevéns espagnols
– Li séndje do grand gåre: po-z aveur des cwårs, i lyi fåt froyî l’ tiesse del gåtche mwin.
– Li djårdén do mayeur, avou l’ posteure do Ropiyeu, on gamén ki spite les djins ki passèt
– Li posteure da Marcel Gillis, sicrijheu d’ tchansons et pondeu »

Alors, mmmh ?

Aïe, aïe, aïe, gare à la margaille !

Monsieur Marmotte et moi découvrons ce matin dans notre boîte aux lettres une grande et belle enveloppe rédigée à nos deux noms. À l’intérieur, un joli faire-part. Deux amis flamands se marient et ont la gentillesse de nous inviter à la grande fête qu’ils organisent dans un superbe domaine du Brabant flamand. Sauf que. Sauf que le domaine en question s’appelle « Margaille »*. Et que « margaille », en français de Belgique, ça veut dire « dispute ». J’dis ça, j’dis rien, mais si j’étais vous, A. et K., j’y réfléchirais quand même à deux fois…

* on trouve d’ailleurs sur le site du domaine une explication très claire de l’origine du nom, jugez-en plutôt :
« Origine du nom ‘Margaille’
Dans le temps, un chemin de terre se trouvant derrière la propriété fut utilisé par les ouvriers se rendant aux Forges de Clabecq. Une ferme située sur ce chemin de terre était habitée par trois frères qui se disputaient à longueur de journée. Ces disputes ne passaient pas inaperçues par les travailleurs des Forges de Clabecq qui disaient alors ‘C’est de nouveau la margaille’. En peu de temps, la ferme des trois frères fut baptisée ‘La Margaille’. »

C’est la ducasse !

« Pendant la ducasse, à l’achat d’une mitraillette, le coca (33 cl) est offert ».

Je vous rassure, cette promotion, qui laissera beaucoup d’entre vous perplexes, n’a rien de belliqueux. Minnie, la gérante du snack-bar de mon quartier, veut simplement signaler qu’elle offre une boisson à toute personne achetant une spécialité « gastronomique » (hum) bien belge pendant toute la durée de la fête foraine.

Je passe rapidement sur ladite mitraillette (aussi appelée « routier » dans certaines régions de Belgique), qui n’est rien d’autre qu’une demi-baguette fourrée avec une « viande » frite type hamburger ou autre (la liste des spécialités industrielles à base de viande servies dans les friteries semble s’allonger chaque jour), des frites (welcome to Belgium !) et une sauce au choix (à vue de nez, une trentaine d’options chez Minnie). Vous ne rêvez pas : c’est bien le portrait-robot d’un sandwich à la frite. Vous en rêviez, les Belges l’ont fait. On n’a pas de pétrole mais on a des idées. Passons.

L’autre terme qui vous aura posé problème dans le texte de la promo est sans aucun doute le mot « ducasse ». Une ducasse, dans le Nord de la France et dans la province belge du Hainaut (et nulle part ailleurs à ma connaissance), c’était, à l’origine, une fête patronale. Le mot « ducasse » viendrait d’ailleurs de « dédicace », fête catholique. Aujourd’hui, la ducasse désigne plus largement une fête populaire (par exemple, la fête foraine qui nous occupe ou une fête de quartier, comme la « ducasse de Messine » ou la « ducasse Saint-Fiacre », toujours à Mons).

Ceci dit, attention : je parle de « la ducasse », pas de LA  Ducasse. La Ducasse, à Mons, c’est l’évènement de l’année ! Celui que les Montois attendent avec impatience 364 jours par an (d’ailleurs, il reste 203 jours avant la prochaine édition). Celui qui les ramène tous à l’église, croyants et non-croyants confondus, pour une incroyable prière à Sainte-Waudru.

Celui qui les fait se lever aux aurores un dimanche matin. Celui pendant lequel ils tremblent pour leur ville et pour Saint Georges. Celui pendant lequel ils invitent leurs « Chambourlettes » à déguster des côtes de porc à l’berdouille et de la tarte aux groseilles vertes. Pour savoir ce qui s’y passe, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour ici ou ici.

A noter encore que la Ducasse de Mons, tout comme celle d’Ath, non moins célèbre, sont désormais inscrites au Patrimoine oral et immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Pour la mitraillette, il faudra encore attendre un peu…

Encore une petite lichette ?

Ca y est. « On » vient une nouvelle fois de me proposer LE job impossible. Vais devoir le refuser si ça continue. Un client me demande une traduction vers le belge. Mince. Si seulement je savais de quoi on parle !

La Belgique. 10 millions d’habitants. Un État fédéral. Trois communautés (flamande, française, germanophone). Trois régions (flamande, bruxelloise, wallonne). Dix provinces. 17 gouvernements (je vous jure que je n’exagère pas – et je ne suis même pas sûre de ne pas en oublier, entre gouvernements fédéral et fédérés). Trois langues officielles (le néerlandais, le français et l’allemand). Mais une langue belge ??? Quoique. Parce qu’à bien y réfléchir, le belge, ce serait peut-être bien la langue dont quelque 55 millions de nos voisins du Sud parlent une étrange variante…

Hé oui, Amis français, je me demande souvent comment vous faites, sans lichettes à vos vêtements ? Moi, ça me ferait zûner ! Et puis, chez vous, il n’y a pas de subsides, il ne drache jamais, les baptisés ne guindaillent pas devant les valves de leur auditoire, on ne fait jamais de cumulets ni de coupérous en stoemelings, votre femme à journée ne fait pas blinquer le kot de votre rawette avec une chamoisette ou une loque à reloqueter, vous ne payez pas vos factures endéans les huit jours, vous ne tapez jamais à pouf ni à gaille, vous ne jouez jamais au vogelpik et puis, comble de l’horreur, vous essuyez vos casseroles avec un torchon ! Vous n’avez pas trop dur, sans chicons, cuberdons ni babeluttes ? Non, peut-être !

Une ch’tite traduction ?
– Lichette : une lichette, en Belgique, c’est comme chez vous, un petit bout de quelque chose, mais c’est aussi le petit cordon ou ruban cousu à l’intérieur des vestes et des manteaux, par exemple, qui permet de les suspendre quand on n’a pas de cintre sous la main.
– Zûner, c’est râler, bisquer.
– Les subsides, ce sont des subventions.
– Dracher, ça veut dire pleuvoir très fort. Si ça se passe un 21 juillet (jour de notre fête nationale), on parle de « drache nationale ».
– Les baptisés (les étudiants qui ont fait leur « baptême » – bizutage -, l’ex-bleusaille, quoi !) ne guindaillent pas (ne font pas la fête en buvant beaucoup de bière) devant les valves (le tableau d’affichage) de leur auditoire (leur salle de cours).
– Cumulets et coupérous : dans les deux cas, la culbute.
– En stoemelings (prononcer stoumelign(e)kss) : en cachette.
– Votre femme à journée (femme de ménage) ne fait pas blinquer (briller) le kot (la chambre d’étudiant) de votre rawette (de votre petit dernier) avec une chamoisette (une chamoisine) ou une loque à reloqueter (un chiffon).
– Endéans : sous, dans un délai de.
– Taper à pouf/à gaille ou jouer au vogelpik (prononcer vaugueulpik), c’est la même chose : c’est y aller au pifomètre !
– Torchon. Chez nous, c’est une serpillière. Vous comprenez donc mieux notre émoi quand vous cherchez un torchon pour essuyer la vaisselle, là où nous utilisons un essuie…
– Casseroles : chez nous, c’est à peu près n’importe quel récipient destiné à la cuisson des aliments doté de deux poignées et d’un couvercle. Ca marche aussi pour les moules, mais là, on en a des spéciales : des casseroles à moules.
– Avoir dur : expression épouvantable signifiant « éprouver des difficultés ».
– Des chicons, ce sont des endives, mais ça, vous commencez à le savoir ! 😉 Moins connus, les cuberdons (bonbons extrêmement sucrés, durs à l’extérieur, crémeux à l’intérieur, rouges foncés (les seuls vrais), de forme conique, qui collent aux dents. Un vrai bonheur !) et les babeluttes (des caramels durs, légèrement salés, spécialité incontestée de Furnes et de la région de Bruges).
– Si un Belge vous dit « Non, peut-être ! », assurez-vous quand même qu’il ne veut pas dire « Oui, bien sûr », surtout si vous vous promenez du côté de Bruxelles…

Rassurez-vous, j’ai forcé le trait ! Au quotidien, nous parlons… comme vous, à quelques petites exceptions près !!! Si notre parler d’Outre-Quiévrain (enfin… de ce côté-ci de Quiévrain) vous plaît, vous trouverez sur Internet une foultitude de sites qui ne manqueront pas de vous intéresser… Perso, j’ai relevé celui-ci. A conseiller aussi (surtout aux traducteurs francophones de Belgique !) : l’ouvrage Dictionnaire des belgicismes.

Et dans votre région, y a-t-il aussi des expressions aussi typiques que savoureuses ?

Canicule et temps de chien…

Une ch’tite pause bien méritée avant de s’y remettre.
Nous voici passés de la canicule au temps de chien en 48 heures à peine… Or, il est assez cocasse de constater qu’en anglais (dog days), en néerlandais (hondsdagen) et en allemand (Hundstage), le « temps de chien »… c’est la canicule !!! Paradoxal ? Non, pas vraiment. Ce qu’explique de manière didactique et amusante le blog de Louis-Jean Calvet, dont je reprends ici le billet in extenso…
« 24 juillet 2006 : Canicule

Le spectre de la canicule semble hanter les responsables politiques, et les media en font leurs choux gras. Mais derrière la chaleur, les vapeurs, les ventes de climatisateurs et l’augmentation de la consommation en électricité, canicule dit au linguiste une histoire plus drôle.

Le mot vient du latin canicula, diminutif de canis, qui signifiait donc « petite chienne » (A propos, nous avons en français un mot pour désigner le « petit chien », chiot, mais rien pour la « petite chienne », chiotte étant utilisé en un autre sens…). Mais revenons à la canicule. Le mot latin va être utilisé pour désigner une étoile, Sirius, que l’on appelait aussi « Chien d’0rion ».Or cette étoile se lève et se couche en même temps que le soleil entre le 23 juillet et le 24 août, c’est-à-dire au moment des plus grandes chaleurs. Cette période a donc été nommée canicule (canicola en italien, canicula en espagnol) par référence aux mouvements des étoiles. Celà vous rafraîchit? »

Pas grand chose à voir avec une lousy weather, hein ? Mais peut-être quand même un peu avec un hondenweer. Quant au Sauwetter, je vous laisse juges !!!

Ceux que ça amuse trouveront un début d’explication sur l’expression « temps de chien » sur le site Expressio !