Tea For Two

Bon, toujours pas de gouvernement au bout de 102 jours. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est à… se faire un petit thé, hein.

Récemment, j’ai eu à traduire plusieurs brochures sur le thé. Depuis, je suis incollable sur le sujet. Et vous, savez-vous ce qui arrive aux feuilles de thé entre le moment où elles sont récoltées et le moment où elles infusent dans votre tasse? Savez-vous comment bien préparer le thé? Connaissez-vous la différence entre du thé blanc et du thé vert? Savez-vous ce qui donne son fumet inimitable de jambon d’Ardennes au thé fumé? Non? Voilà un petit cours de rattrapage, alors…

Humanithé
Les voies du thé
L’Ecole du thé
Le vocabulaire du thé
Glossaire de la dégustation du théGlossaire de la cérémonie du thé

Vivement l’hiver, qu’on se rachète du thé de nowell !

Portnawak

Voilà, cette semaine, pour ceux qui ne le sauraient pas, a été décrétée « semaine du grand n’importe quoi » chez les blogueuses. Plusieurs d’entre elles ont déjà répondu à l’appel. Moi, j’ai du mal. Entendons-nous bien: je n’ai pas de mal à écrire n’importe quoi. Non. Mon problème est différent. J’habite au pays du grand n’importe quoi. Alors quelque part, faire n’importe quoi tout spécialement et exprès, c’est dur.

Déjà, prenez la formation de notre gouvernement. Cent jours que ça nous fait la procession d’Echternach: trois pas en avant, deux pas en arrière, un pas sur le côté, un pas sur l’aut’ côté. Après, on dira encore que les Belges ont un grand sens de l’autodérision, mais bon, en même temps, ça vaut mieux.

Je vis dans un pays grand comme la région PACA, grosso modo, avec un État fédéral, trois communautés, trois régions, dix provinces, etc., etc., chacun avec son propre gouvernement et ses propres députés. Après, on s’étonne qu’on ait une dette publique égale à 104 fois le PIB du Burkina Faso, mais bon.

Je vis dans un pays où on mange des sandwiches avec des frites dedans.

Quand on regarde la terre depuis l’espace, il paraît qu’on voit très bien deux choses: la Grande Muraille de Chine et les autoroutes belges, éclairées la nuit comme en plein jour.

Et puis, je vis dans le seul pays, à ma connaissance, à avoir été mis aux enchères sur eBay. À plusieurs reprises. Hier, notamment. Enchère la plus haute : 10.000.000 euros. Un peu moins de 1 euro par habitant, donc. On est bien peu de choses.

La traductrice sort sa calculette

Arg. Un prospect (un nouveau client en puissance, donc) me demande mes tarifs. A la page. De 1500 frappes. Euh… C’est que, en bonne utilisatrice de mémoires de traduction, je fonctionne au mot, moi. Et l’algèbre, ce n’était pas précisément ma matière de prédilection en mathématiques (j’étais beaucoup plus forte en trigonométrie et en géométrie, en vrai). Me voilà bien embêtée. Et je ne dois pas être la seule.

Heureusement, chez les traducteurs, on trouve des gens vraiment sympas. Donc certains sont même plutôt des matheux. Et des pros de l’informatique. Et des altruistes. Comme Fabio Salsi, qui a mis au point un convertisseur de tarifs de traduction et le met à la disposition des autres traducteurs sur son site web.

Voilà qui devrait nous épargner bien des maux de tête…

Dans la même veine, il y a aussi le site d’Alessandra Muzzi, qui propose même une feuille de calcul Excel à télécharger et à personnaliser…

To test or not to test ?

Parfois, je me souviens que ce blog est – aussi – censé parler de traduction. Alors, allons-y.

Céline Graciet abordait hier sur son blog l’épineuse question des « remises sur volume » que demandent de plus en plus de bureaux de traduction. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, ceux qui me connaissent savent ce que j’en pense (sensiblement la même chose Céline, d’ailleurs). Pour les autres : je n’en pense rien de bon. Voilà, c’est dit.

Une autre question se pose aussi souvent : le test. Doit-on ou non accepter de faire un test gratuit pour de nouveaux clients ? Dilemme, dilemme. Je dirais spontanément que ça dépend de beaucoup de choses : de l’expérience du traducteur, de son volume de travail, du type de traduction, du client final… Mais en ce qui me concerne, la réponse est généralement non. Même si, comme la plupart des traducteurs, au début, j’ai accepté et même si, comme la plupart des traducteurs, c’est comme ça que j’ai décroché mes premiers contrats.

Je disais donc qu’en principe, et par principe, je refuse de passer des tests. Il y a plusieurs raisons à cela. Mais ne soyons pas hypocrites, je suis bien consciente de me trouver dans une situation privilégiée :

1) J’ai – la très grande chance d’avoir – du travail. Je ne suis pas activement à la recherche de nouveaux clients. Ca aide à avoir des tas de principes sur ce qu’on accepte ou pas.

2) Je suis sur le marché freelance depuis 9 ans et j’ai des références assez solides. Je pars du principe que ça doit pouvoir suffire. Et d’ailleurs, généralement, ça suffit. Mais j’ai débuté, aussi, avant. C’est loin, mais je m’en souviens encore un peu.

Les « contre » Les « pour »
Pour reprendre l’exemple bien concret du plombier cité par un lecteur de Céline dans le contexte des remises : je n’ai pas demandé à mon plombier de me faire une ristourne sous prétexte qu’il a placé plusieurs tuyaux chez moi, mais je lui ai aussi payé tous les tuyaux, y compris le premier qu’il a posé. Pour certaines agences et pour certains clients, ça reste une condition sine qua non. Et ce ne sont généralement pas les moindres. Refuser de passer un test, c’est parfois risquer de se priver d’un volume important de travail.
Les bureaux ne donnent pas toujours suite aux tests. Non pas parce qu’ils ne sont pas satisfaits des résultats, mais parce que dans certains cas, leur but est d’étendre « préventivement » leurs bases de données fournisseurs. Ils ne sont donc pas pressés de faire corriger les tests. Et dans certains cas, les tests tombent purement et simplement aux oubliettes. Ca s’est déjà vu. Quand on débute, ça peut être intéressant d’obtenir un retour d’information pour savoir où l’on se situe. Mais rien n’empêche, cela dit, de demander au bureau de renvoyer les traductions une fois corrigées. Je le fais d’ailleurs encore régulièrement, quand j’ai un nouveau client ou quand je fais une traduction sur un sujet dont je n’ai pas l’habitude.
Certains bureaux peu scrupuleux s’offrent des traductions à l’œil en les divisant en « tests ». Heureusement, ça reste rare. Pour rappel, un test doit être petit (si on vous propose un test gratuit de 1.000 mots, il y a de bonnes chances pour que ce soit de l’arnaque), porter sur un texte général ou directement lié à un de vos domaines de spécialisation (ça ne doit pas être une traduction hyper technique sur un sujet auquel vous ne connaissez que dalle et qui va vous demander trois jours de recherches intensives), et ne pas être un travail qui sera facturé à un client (généralement, les agences puisent dans leurs anciens travaux et proposent d’ailleurs le même texte à plusieurs candidats).

Les agences auraient d’ailleurs elles aussi de bonnes raisons de ne pas faire passer des tests.

1) Les tests coûtent de l’argent : pas de client final, pas de recettes. Le traducteur n’est pas rémunéré, d’accord, mais le correcteur, oui. Si c’est un freelance, il faut le payer et si c’est un salarié, il n’est pas « productif » pendant qu’il relit les tests.

2)  J’ai plus d’une fois été contactée par de jeunes traducteurs me demandant de corriger leurs tests avant qu’ils les renvoient à l’agence. Dans certains cas, il s’agissait de bons travaux de bons traducteurs seulement un peu anxieux. Dans d’autres… euh… a bit less so. Je refuse d’ailleurs généralement, estimant que l’agence serait franchement trompée sur le produit. Je trouve que ça serait en soi un argument suffisant pour ne pas avoir recours à des tests.

3) Les tests ne se font généralement pas dans des conditions réalistes. Dans la mesure où il s’agit d’un travail non rémunéré, difficile de fixer des délais stricts. Par contre, 15 jours, ou même une semaine, pour traduire 300 mots, ce n’est pas un grand défi. Et dans certains cas, la traduction finalisée se trouve telle quelle sur Internet.

À méditer…

Une traductrice à la mer !

En réponse au billet très intéressant publié hier par Céline Graciet, qui aurait pu s’intituler « Brush up your berries », quelques ressources sur… les poissons !

Au cours de ma brève carrière d’interprète, j’ai eu l’occasion de faire quelques réunions « pêche » et, franchement, entre les noms des bestioles et le nombre de tonnes des quotas… il fallait s’accrocher aux branches !

Toutefois, une ressource m’a énormément aidée à l’époque. Il s’agissait de la revue gratuite « La pêche européenne », publiée par la Commission européenne. Depuis lors, cette revue a changé plusieurs fois de nom et de forme, mais elle est toujours disponible en ligne. Sur le site, vous pourrez trouver, outre la revue, des informations sur la pêche en Europe, des fiches sur les différents poissons, des cartes de répartition des espèces et des quotas, …

Et puis, il y a aussi le site du ministère canadien des Pêches et des Océans. Et de nombreux glossaires en ligne.

Bon, OK, je suis limite obsessionnelle. Mais ça a du bon, parfois.

Le Guide anglais français de la traduction

Une fois n’est pas – encore – coutume, je voudrais vous présenter d’un ouvrage de référence que je trouve particulièrement utile et intéressant.

Il s’agit du Guide anglais français de la traduction de René Meertens, paru chez Chiron Éditeur (ISBN 2-7027-1047-6 pour l’édition de 2004).

Pour faire simple, disons qu’il s’agit de l’ouvrage à consulter quand les dictionnaires traditionnels ne peuvent plus vous aider.

Présentation de l’éditeur :

« […] Il [Ce guide] répertorie méthodiquement les diverses significations de mots et d’expressions difficiles à traduire, privilégie les pièges du vocabulaire anglais et propose un gamme très riche d’équivalents. […] Les mots et expressions traités sont ceux qui figurent dans les textes auxquels sont confrontés quotidiennement les traducteurs professionnels. […] »

En bref, il se situe quelque part à mi-chemin entre un super-dictionnaire traductif, un dictionnaire explicatif, un dictionnaire idiomatique et un dictionnaire analogique.

À défaut de pouvoir l’apprendre par cœur, on peut toujours en faire son livre de chevet (et un fidèle compagnon dans la vie de tous les jours).

Plains le dos…

… du malheureux traducteur.

La traduction est un métier dangereux. Si. Avez-vous déjà pensé à tous les périls qui nous guettent dans notre bureau ? Et je ne parle même pas du danger – pourtant bien réel – d’accident dans les escaliers ou de crise de nerfs dans le cadre de certains travaux ou des relations avec certains clients. Non. Je pense plutôt troubles musculo-squelettiques, vertèbres coincées et fatigue oculaire.

À cet égard, le site Prometheus propose une formation (en anglais uniquement) assez intéressante sur l’ergonomie du bureau, remplie de conseils de bon sens.

Après avoir regardé ce diaporama, j’ai commencé à examiner mon poste de travail – et ma posture – d’un œil critique. Euf. Le siège, c’est ok.  Il n’y a qu’un souci. Je ne sais pas si c’est inné ou acquis, mais je suis absolument infichue de m’asseoir correctement. C’est plus fort que moi : il faut toujours que je m’asseye en tailleur ou que je replie une jambe façon flamand rose. Donc, le dos parfaitement droit, les pieds bien à plat sur le sol et les genoux pliés à 90°, on oublie. De toute façon, comme dirait l’ostéo, pouvoir s’asseoir n’importe comment, c’est plutôt bon signe.

En revanche, je vois une réelle différence depuis que j’ai revu la position et le réglage en hauteur de mon écran en suivant leurs conseils. Et puis j’ai aussi réorganisé mon plan de travail en rapprochant tout le matériel nécessaire et en faisant disparaître le reste (bon, d’accord, j’ai tout fourré dans un tiroir, mais je ne désespère pas de ranger ledit tiroir un jour…)

Ah oui : à la fin de la formation, il y a un jeu permettant de gagner un massage pro. Le seul problème, c’est qu’ils ne disent pas si c’est le thérapeute – américain – qui se déplace ou le gagnant du concours…

La Schtroumpfette à lunettes de la traduction

Hier, je lisais avec amusement le « Journal d’une apprentie traductrice, volet 1 » de Marie, « blogueuse invitée », sur le site Naked Translations de Céline Graciet. Elle y raconte son premier contact avec la traduction et sa perplexité d’enfant, quand elle a appris qu’Enid Blyton, la maman – entre autres – de Oui-Oui était anglaise. Comment, alors, se faisait-il que Oui-Oui, lui, parle français ?

Beaucoup d’entre nous ont sans doute été confrontés, un jour où l’autre, à l’un de ces petits événements, souvent complètement anodins, qui font que l’on veut devenir docteur ou pompier ou policier ou facteur ou danseuse étoile ou traducteur « quand on sera grand ».

Dans mon cas, « l’événement déclencheur » est moyennement romantique et pas forcément très glamour.

Mon intérêt pour les langues remonte au cours d’initiation à l’anglais que j’ai eu l’occasion de suivre pendant deux ans en primaire. C’était plutôt marrant. On a même fait un échange avec une école écossaise. Logiquement, arrivée dans le secondaire, j’ai choisi l’anglais comme première langue étrangère. Puis j’ai fait du latin, aussi. J’aimais bien le latin (oui, je suis une grande rigolote devant l’éternel, mais j’assume de mieux en mieux). Du coup, j’ai eu envie de faire du grec ancien. Dans l’intervalle, j’avais commencé le néerlandais. Puis j’ai ajouté l’allemand en troisième langue étrangère. J’ai fait maths 5h aussi (ben ouais, j’aimais bien les maths – je suis comique, j’vous dis), mais c’est moins pertinent pour ce qui nous intéresse.

Un jour, notre prof de grec a eu l’idée saugrenue de nous initier aux règles de base des mutations consonantiques. Et à partir de là, les cours de langue, d’amusants, sont devenus passionnants. Notamment grâce à la grande proximité de l’allemand et du néerlandais. Armé de ces règles de base, on peut établir beaucoup, beaucoup de correspondances entre les deux langues et deviner des tas d’équivalences (bon, ok, une fois la petite crise d’euphorie passée, on se rend compte que ce n’est pas aussi simple que ça, mais, à 15 ans, on est encore jeune et naïf et un peu bête). Avec l’anglais, aussi, même si c’est un peu moins évident. On voit nettement mieux, par exemple, comment on passe de father à vader à Vater (où le « V » se prononce « f »).

Du coup, j’ai eu envie de faire de la linguistique appliquée. Mais à moins de faire de la recherche (et les places sont très chères), je ne voyais pas beaucoup de débouchés (normal : il n’y en avait pas beaucoup, non plus). Prof de langues, bof. Et puis le franc est tombé : à bien y réfléchir, la traduction, finalement, ça ressemble quand même drôlement à de la linguistique appliquée appliquée (oui, il y a deux fois « appliquée », mais c’est exprès), l’aspect culturel des choses en plus (mais bon, l’aspect culturel dans le mode d’emploi d’aspirateur, ça reste un sujet de thèse à explorer). Que fait-on d’autre que d’examiner, de comparer et de mettre en œuvre les mécanismes des langues ? Mmmm ? Je crois que c’est d’ailleurs ce qui me plaît le plus, dans ce métier : l’impression d’avoir à disposition une palette d’outils que je peux assembler/désassembler à l’infini, au gré de mes envies, pour dire tout et son contraire.

Donc, en gros, si je suis devenue traductrice, c’est à cause de mon village Lego ! CQFD.

 LG9065

 

NB à l’intention des nouveaux lecteurs éventuels de ce blog : d’habitude, je suis un tout petit peu moins pénible. 

Fière !

OUIIIIIIIII, il est sorti !!!


Bon, ocollaboré sur ce projet, j’en suis sûre). J’en ai les larmes aux yeux, tiens. Comme à chaque fois que j’ai entre les mains la version imprimée d’un truc que j’ai fait. Enfin… Ca me touche nettement moins quank, j’en ai traduit un peu plus de six pages sur 203. Mais c’est quand même un tout petit peu le bébé à sa maman, hein (ce que doit aussi ressentir la douzaine d’autres traducteurs qui ont d c’est un mode d’emploi de mixer ou une étiquette de produit détergent, j’avoue. D’autant que les sujets abordés dans cette revue me touchent beaucoup. Et puis, c’est la première fois de ma vie que mon nom apparaît dans un VRAI livre. Parce qu’en plus la patronne du bureau de traduction qui a coordonné le projet nous a fait l’amitié de mentionner nos noms, au lieu de mettre « Traduit par le bureau XXX SPRL », ce qui n’aurait été que normal. Alors, Nancy, j’en profite pour te remercier encore une fois ! Je sais que ce n’est pas toujours possible, que c’est souvent pas évident et que ce n’est parfois pas souhaitable. Mais pour une fois que c’est le cas, je n’ai pas l’intention de bouder mon plaisir !

Ceci dit, et pour parler d’autre chose que de moi pendant deux lignes, si les questions relatives au développement durable et à la coopération avec les pays du Sud vous intéressent, je vous recommande franchement Alternatives Sud ! (en plus, c’est bien traduit !)