La Schtroumpfette à lunettes de la traduction

Hier, je lisais avec amusement le « Journal d’une apprentie traductrice, volet 1 » de Marie, « blogueuse invitée », sur le site Naked Translations de Céline Graciet. Elle y raconte son premier contact avec la traduction et sa perplexité d’enfant, quand elle a appris qu’Enid Blyton, la maman – entre autres – de Oui-Oui était anglaise. Comment, alors, se faisait-il que Oui-Oui, lui, parle français ?

Beaucoup d’entre nous ont sans doute été confrontés, un jour où l’autre, à l’un de ces petits événements, souvent complètement anodins, qui font que l’on veut devenir docteur ou pompier ou policier ou facteur ou danseuse étoile ou traducteur « quand on sera grand ».

Dans mon cas, « l’événement déclencheur » est moyennement romantique et pas forcément très glamour.

Mon intérêt pour les langues remonte au cours d’initiation à l’anglais que j’ai eu l’occasion de suivre pendant deux ans en primaire. C’était plutôt marrant. On a même fait un échange avec une école écossaise. Logiquement, arrivée dans le secondaire, j’ai choisi l’anglais comme première langue étrangère. Puis j’ai fait du latin, aussi. J’aimais bien le latin (oui, je suis une grande rigolote devant l’éternel, mais j’assume de mieux en mieux). Du coup, j’ai eu envie de faire du grec ancien. Dans l’intervalle, j’avais commencé le néerlandais. Puis j’ai ajouté l’allemand en troisième langue étrangère. J’ai fait maths 5h aussi (ben ouais, j’aimais bien les maths – je suis comique, j’vous dis), mais c’est moins pertinent pour ce qui nous intéresse.

Un jour, notre prof de grec a eu l’idée saugrenue de nous initier aux règles de base des mutations consonantiques. Et à partir de là, les cours de langue, d’amusants, sont devenus passionnants. Notamment grâce à la grande proximité de l’allemand et du néerlandais. Armé de ces règles de base, on peut établir beaucoup, beaucoup de correspondances entre les deux langues et deviner des tas d’équivalences (bon, ok, une fois la petite crise d’euphorie passée, on se rend compte que ce n’est pas aussi simple que ça, mais, à 15 ans, on est encore jeune et naïf et un peu bête). Avec l’anglais, aussi, même si c’est un peu moins évident. On voit nettement mieux, par exemple, comment on passe de father à vader à Vater (où le « V » se prononce « f »).

Du coup, j’ai eu envie de faire de la linguistique appliquée. Mais à moins de faire de la recherche (et les places sont très chères), je ne voyais pas beaucoup de débouchés (normal : il n’y en avait pas beaucoup, non plus). Prof de langues, bof. Et puis le franc est tombé : à bien y réfléchir, la traduction, finalement, ça ressemble quand même drôlement à de la linguistique appliquée appliquée (oui, il y a deux fois « appliquée », mais c’est exprès), l’aspect culturel des choses en plus (mais bon, l’aspect culturel dans le mode d’emploi d’aspirateur, ça reste un sujet de thèse à explorer). Que fait-on d’autre que d’examiner, de comparer et de mettre en œuvre les mécanismes des langues ? Mmmm ? Je crois que c’est d’ailleurs ce qui me plaît le plus, dans ce métier : l’impression d’avoir à disposition une palette d’outils que je peux assembler/désassembler à l’infini, au gré de mes envies, pour dire tout et son contraire.

Donc, en gros, si je suis devenue traductrice, c’est à cause de mon village Lego ! CQFD.

 LG9065

 

NB à l’intention des nouveaux lecteurs éventuels de ce blog : d’habitude, je suis un tout petit peu moins pénible. 

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