Convertisseur de tarifs

Il y a un peu moins de deux ans, je vous parlais d’un convertisseur de tarifs bien pratique, élaboré – notamment – par Josée Bégaud, traductrice. Josée m’a envoyé, voici quelques semaines, le mail ci-dessous, que je n’avais pas encore eu le temps de vous communiquer. C’est maintenant chose faite. N’oubliez donc pas d’adapter vos signets !!!

 Bonjour,

Vous aviez parlé de notre convertisseur de tarifs sur votre blog, mais il était encore en chantier (le chantier a duré, duré, duré, comme tout chantier qui se respecte).

Le convertisseur est à présent terminé, et il a déménagé à cette adresse:
www.les-outils-du-traducteur.net/convertisseur/index.php5

Cordialement,

Josée Bégaud
(un des créateurs; nous sommes 13 au total)

Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice !

Si vous êtes le responsable marketing d’une société commerciale qui prétend proposer des services aux professionnels et que vous souhaitez vous faire quelques centaines d’ennemis en deux clics de souris, c’est facile. Il vous suffit de suivre l’exemple de LinkedIn.

Il y a quelques jours de cela, je reçois, comme beaucoup d’autres manifestement, un mail de LinkedIn, service « d’annuaire professionnel » auquel je suis inscrite, intitulé « LinkedIn would appreciate your feedback ». On m’y propose de répondre à quelques mini-questions destinées à aider LinkedIn à fournir un meilleur service à ses clients. D’habitude, je jette ces mails sans même les lire, mais là, j’ai – ô miracle – quelques minutes devant moi et je suis de bonne, bonne, bonne, bonne humeur ce matin – y a des matins comme çaaaaaa !

Vers la deuxième ? La troisième ? question, ça tourne à l’aigre. En gros, LinkedIn est en train de demander à ses membres traducteurs professionnels s’ils veulent traduire son site 1) pour rien, 2) gratuitement, 3) sans rémunération. Biffez la mention inutile. Pas de 4) contre paiement, sur la base d’un devis établi par un traducteur professionnel ou de 5) allez vous faire voir, je n’ai aucune envie de traduire votre site.

En ce qui me concerne, ma bonté légendaire ayant des limites, et celles-ci étant plus que largement atteintes, je demande tout haut à LinkedIn s’il veut un petit frère aussi (je deviens passablement grossière quand je suis énervée), je ferme l’onglet Firefox, je jette le mail et je passe à autre chose. En revanche, je n’avais pas pris la mesure de la colère que ce mail a suscitée chez mes collègues avant de lire le blog de Jill Sommer et celui de Matthew Bennett. Twitter a manifestement chauffé ses dernières 24 heures ! Pour de bonnes raisons et avec de bons arguments, me semble-t-il. Pourquoi faut-il toujours qu’on nous prenne nous, traducteurs professionnels, pour des crétins taillables et corvéables à merci ? Comme le faisait remarquer quelqu’un avec justesse, LinkedIn n’a sans doute pas adressé de demande de service gratuit à ses avocats ou à ses comptables. Si ?

Là où réside tout le sel de l’histoire, c’est qu’un groupe intitulé « Translators against Crowdsourcing by Commercial Businesses » s’est créé… sur LinkedIn, bien sûr ! Nous vivons une époque formidable, où les entreprises commerciales tendent la corde pour qu’on les pende, et l’échafaud aussi, en prime ! Alors, si vous aussi, vous avez reçu ce mail et si vous voulez manifester votre indignation, il ne vous reste plus qu’à nous rejoindre.

Et en attendant… Je ne résiste pas à l’envie d’exhumer ce grand moment de publicité… (et de mauvaise foi)

 

EDIT: petit update de la situation (22/06/2009)

Freelance Translators Clash with LinkedIn over Crowdsourced Translation (le billet qui montre bien qu’on n’est pas sorti de l’auberge, quant à la perception que certains se font de la profession)EDIT À L’EDIT (26/06/2009)

Traduction collaborative : des nouvelles du front (Anyword)

EDIT DE L’EDIT À L’EDIT (02/07/2009)

Translators Wanted at LinkedIn. The Pay? $0 an Hour. (The New York Times, excusez du peu!)

Communiqué de presse de l’American Translators Association

Lettre du Président de l’American Translators Association au CEO de LinkedIn

Google Translator Kit

Voilà, c’est fait, il est là. Le Google Translator Kit est arrivé. Comme les moules bientôt, et le beaujolais nouveau un peu plus tard dans l’année.

Kesako, le Google Translator Kit? Pour faire simple, un environnement de traduction en ligne, avec mémoire partagée (ou plutôt partageable) intégrée.

Là déjà, bien qu’étant une utilisatrice convaincue de plusieurs outils de traduction « à mémoire », j’ai un petit témoin rouge qui s’allume dans un coin de la tête.

1) Si j’ai bien compris, la confidentialité des contenus traduits n’est pas garantie. Or, les traducteurs professionnels ont une obligation de confidentialité vis-à-vis de leurs clients. C’est un principe déontologique de base dans la profession, même quand le client ne précise pas qu’un document est classé « top secret » et même si ledit document est appelé à être publié sur un site web accessible à tous.

2) D’expérience, une mémoire de traduction partagée n’est jamais aussi fiable que le moins bon des traducteurs qui l’utilisent. C’est-à-dire parfois… pas terrible. Sachant qu’ici, en plus, l’internaute lambda pourra l’alimenter – et vu la proportion de gens qui sont convaincus, souvent à tort, de parfaitement connaître l’anglais – le résultat risque d’être assez baroque.

Et puis, il y a la politique de Google :

« At Google, we consider translation a key part of making information universally accessible to everyone around the world. While we think Google Translate, our automatic translation system, is pretty neat, sometimes machine translation could use a human touch. Yesterday, we launched Google Translator Toolkit, a powerful but easy-to-use editor that enables translators to bring that human touch to machine translation. »

L’idée sous-jacente des moteurs de traduction automatique sur le web – permettre au plus grand nombre de comprendre (enfin… avec un peu de chance) des pages rédigées dans une autre langue – est assez louable en soi. En effet, cela contribue dans une large mesure au partage et à la diffusion de l’information, et c’est important. Mais que l’on puisse ramener le travail des traducteurs à « apporter une touche humaine à la traduction automatique » [ce qui ne serait pas toujours nécessaire, selon eux, si je lis bien]… Vous m’excuserez, ça me fait un peu grincer des dents, j’avoue. D’autant que cela ne fera que renforcer une tendance analogue que l’on observe de plus en plus dans certaines agences de traduction, qui, pour réduire les coûts et écourter les délais, n’hésitent plus à demander aux « traducteurs » de se borner à corriger sommairement un premier jet traduit automatiquement.

Ah, j’oubliais. Google Translator Kit est gratuit. Gratuit ? Gratuit. Ou presque. Parce que, si je comprends bien tout ce que je lis ici et là, les traductions qui sont injectées dans la mémoire servent à alimenter Google Translate, même si on choisit de ne pas les partager. Ce qui – outre les problèmes de confidentialité déjà évoqués – est quand même de nature à donner un sérieux coup de pouce au moteur de traduction automatique de Google. Comme quoi, rien n’est jamais tout à fait gratuit.

Pour en savoir plus :

– L’excellent blog Trada ! d’Éric Léonard

Anyword, l’observatoire de la traduction

PS : ceci dit, en ce qui me concerne, je nourris les mêmes doutes à l’égard de SDL Automated Translation, dont les conditions ne sont pas des plus transparentes quant à l’usage qui est fait des traductions automatiques post-éditées. Non, en fait, je nourris plus de doutes, sachant qu’il s’agit ici d’une solution métier, destinée aux traducteurs indépendants et agences de traduction. Je suis peut-être un peu parano, mais je me demande quand même à quelle sauce on envisage de nous manger…

 

UPDATE

À lire aussi, sur le même sujet, le billet très éclairant de Ma voisine millionnaire.

Un métier formidable !

Ok, ok, ok, je ne suis qu’une sale lâcheuse. Je sais. Mais je compte bien revenir bientôt. Surtout que j’ai 3000 idées de billets au bas mot, sans compter environ 400 tags auxquels je dois répondre depuis environ 10 ans.

En attendant, allez lire l’interview de Céline Graciet sur My Cool Job. Remarquable, comme toujours. (Je vous ai déjà dit que Céline était une de mes idoles ? Eh ben, voilà, c’est fait !) 🙂

L’allemand, c’est facile

Ce n’est pas de moi… C’est une histoire bien connue qu’une collègue allemande nous a envoyée…

L’allemand est une langue assez facile. Quiconque connaît le latin et est habitué aux déclinaisons l’apprend sans grandes difficultés. C’est ce que les professeurs d’allemand affirment lors de la première leçon. Ensuite on commence à étudier les der, des, den, dem, die. Et les professeurs de nous répéter que tout cela est logique – et  donc facile. Pour s’en rendre compte, regardons un exemple d’un peu plus près :

Vous commencez par acheter Le livre d’allemand. C’est un livre magnifique, publié à Dortmund, qui raconte les us et coutumes des Hottentots (en allemand : Hottentotten).

Le livre raconte que les kangourous (Beutelratten) sont capturés et placés dans des cages (Kotter) couvertes d’un écran (Lattengitter) pour les protéger des intempéries. Ces cages s’appellent en allemand « cages couvertes d’un écran » (Lattengitterkotter) et lorsqu’elles contiennent un kangourou, on dit de celui-ci qu’il est « Lattengitterkotterbeutelratten ». Un jour, les Hottentots arrêtèrent un assassin (Attentäter) accusé d’avoir tué une mère hottentote (Hottentottenmutter), qui avait un fils bête et bégayeur (Stottertrottel).

Cette mère s’appelle en allemand Hottentottenstottertrottelmutter, et son assassin Hottentottenstottertrottelmutterattentäter.

La police capture l’assassin et le met provisoirement dans une cage à kangourou (Beutelrattenlattengitterkotter), mais le prisonnier s’échappe. Les recherches commencent immédiatement. Soudain, un guerrier hottentot s’écrie :
– J’ai capturé l’assassin (Attentäter).
– Oui ? Lequel ?, demande le chef.
– Le Lattengitterkotterbeutelratterattentäter, répond le guerrier.
– Comment, l’assassin qui est dans la cage à kangourou couverte d’un écran ?, demande le chef des Hottentots.
– C’est bien cela, le Hottentottenstottertrottelmutterattentäter (L’assassin de la mère hottentote de l’enfant bête et bégayeur).
– Mais, s’exclame le chef hottentot, tu aurais pu dire tout de suite que tu avais capturé le Hottentottenstottertrottelmutterlattengitterkotterbeutelrattenattentäter.

Comme vous pouvez le constater, l’allemand est une langue facile. Il suffit de s’y intéresser…

À la source de la cible…

Parfois, calculer les tarifs en traduction peut être un véritable cauchemar, même pour les forts en maths. Aussi bien quand on reçoit une demande/remise de prix dans une unité différente de celle qu’on a l’habitude d’utiliser (ligne – de 50, 55, 60 frappes -, page – de 1000/1500 signes -, mot) que lorsque l’on reçoit une demande/remise de prix dans la même unité mais en langue source ou cible.

J’ai déjà parlé du premier cas ici, en mentionnant les excellents outils proposés par Fabio Salsi et Alessandra Mussi.

Par contre, la seconde hypothèse m’était encore relativement étrangère jusqu’à ce matin. Comme j’utilise Trados, je me base généralement sur un comptage des mots en langue source. Ce qui est nettement plus simple pour établir un devis. Parce que je ne sais pas vous, mais moi, je ne suis pas voyante et je ne peux pas deviner à l’avance combien de mots contiendra la traduction une fois terminée.

Je suis d’autant moins confrontée au problème que, quand, exceptionnellement, mes clients habituels décident de payer un certain travail au mot cible, ils ne me demandent pas de devis. Ils me signent un chèque (enfin, un bon de commande) en blanc, mentionnant seulement « mots en langue cible », et je facture tout simplement le nombre de mots de la version française, ce qu’ils acceptent sans sourciller (oui, je sais, ce sont des amours).

Je dois aussi avouer que facturer au mot « cible » me pose un problème (sans doute plus psychologique que déontologique) : souvent, plusieurs de formules permettent d’exprimer la même chose avec plus ou moins de mots, avec des nuances quasiment identiques et avec une même élégance ou un même niveau stylistique. Or, j’aime être libre de mes moyens d’expression et je n’ai pas envie de m’entendre reprocher d’avoir utilisé telle ou telle tournure plutôt qu’une autre, équivalente, plus économique pour le client (quoique ce ne soit jamais arrivé).

Trêve de toutes ces considérations qui vont finir par 1) me faire passer pour la traductrice la moins chère du monde (au moins), 2) rendre mon mari jaloux, 3) me faire enfermer dans un asile de traducteurs psychotiques. Revenons à nos moutons.

La grande difficulté de la conversion d’un tarif au mot source/cible réside dans le « foisonnement » (le facteur par lequel le nombre de mots en langue source est multiplié en langue cible). Même si le traducteur n’est pas trop « bavard » (hum), il existe de toute façon un foisonnement « naturel », propre à la paire langue source/langue cible. Le français, par exemple, utilise généralement beaucoup plus de mots que l’anglais, ou a fortiori l’allemand et le néerlandais qui sont particulièrement synthétiques. Il n’est donc pas rare que l’on trouve dans la traduction entre 10 et 15 % de mots en plus que dans l’original.

Mais comment déterminer si – en moyenne – on est plus près des 10 ou des 15% pour savoir quel pourcentage appliquer quand on prépare son devis ? Eh bien, c’est tout simple. Il suffit d’utiliser les tableaux et formules proposés par un collectif de traducteurs en licence « Creative Commons » sur ce site. Simple, efficace et rapide.

Que ferait-on sans tous ces collègues altruistes ???

Bon comme un bonbon…

Je viens de découvrir ce spot à la télé, et je ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous… Pour les non-Belges et les non-francophones – qui risquent de ne pas comprendre grand-chose – il fait allusion aux différences lexicales entre le français parlé à Liège (en Wallonie) et à Koekelberg (en région bruxelloise)… Tout simplement délicieux…

 

Urban Dictionary

Voici une ressource bien utile pour nous autres, pôôôôôôvres traducteurs, qui devont parfois nous efforcer de comprendre – et de traduire – des expressions « inventées sur place » par les auteurs de nos textes source…

Céline Graciet (Nacked Translations) signale l’existence, dans son billet intitulé Jump the shark and jump the couch, du Urban Dictionary. « Urban Dictionary is a slang dictionary with your definitions. Define your world.« )

Pour consulter ce dictionnaire bourré d’expressions idiomatiques vieilles d’un quart d’heure, plusieurs options s’offrent à vous : une recherche sur le site, un abonnement au feed RSS, un abonnement par e-mail, un abonnement par téléphone… Vous n’aurez plus aucune excuse pour ne pas être à la page !!!

Jargon de traducteurs…

Nous autres professionnels de la traduction, nous avons, comme dans tous les métiers, notre petit jargon à nous. Ainsi, nous nous retrouvons parfois à faire du « proof » (pour proofreading, ou révision), du « copy writing » (un travail rédactionnel), des « LSO » (linguistic sign off, ou validation linguistique d’un produit fini), un « QA » (Quality Assurance, pour la procédure d’assurance qualité), des « cosmetic checks » (un contrôle « formel » qui concerne plutôt l’affichage correct du texte, par exemple dans l’interface utilisateur d’un programme informatique), etc., etc.

Hier, j’ai découvert une nouvelle spécialité… le « sanity check« *! Un contrôle de santé mentale ? De bon sens ? Mais… euh… je ne me permettrai pas de juger de la santé mentale ou du bon sens de mes collègues! (Me demander ça, à MOI???)

 

* Il s’agit en fait d’un dernier contrôle, histoire de vérifier l’exactitude et la cohérence de la traduction.