To test or not to test ?

Parfois, je me souviens que ce blog est – aussi – censé parler de traduction. Alors, allons-y.

Céline Graciet abordait hier sur son blog l’épineuse question des « remises sur volume » que demandent de plus en plus de bureaux de traduction. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, ceux qui me connaissent savent ce que j’en pense (sensiblement la même chose Céline, d’ailleurs). Pour les autres : je n’en pense rien de bon. Voilà, c’est dit.

Une autre question se pose aussi souvent : le test. Doit-on ou non accepter de faire un test gratuit pour de nouveaux clients ? Dilemme, dilemme. Je dirais spontanément que ça dépend de beaucoup de choses : de l’expérience du traducteur, de son volume de travail, du type de traduction, du client final… Mais en ce qui me concerne, la réponse est généralement non. Même si, comme la plupart des traducteurs, au début, j’ai accepté et même si, comme la plupart des traducteurs, c’est comme ça que j’ai décroché mes premiers contrats.

Je disais donc qu’en principe, et par principe, je refuse de passer des tests. Il y a plusieurs raisons à cela. Mais ne soyons pas hypocrites, je suis bien consciente de me trouver dans une situation privilégiée :

1) J’ai – la très grande chance d’avoir – du travail. Je ne suis pas activement à la recherche de nouveaux clients. Ca aide à avoir des tas de principes sur ce qu’on accepte ou pas.

2) Je suis sur le marché freelance depuis 9 ans et j’ai des références assez solides. Je pars du principe que ça doit pouvoir suffire. Et d’ailleurs, généralement, ça suffit. Mais j’ai débuté, aussi, avant. C’est loin, mais je m’en souviens encore un peu.

Les « contre » Les « pour »
Pour reprendre l’exemple bien concret du plombier cité par un lecteur de Céline dans le contexte des remises : je n’ai pas demandé à mon plombier de me faire une ristourne sous prétexte qu’il a placé plusieurs tuyaux chez moi, mais je lui ai aussi payé tous les tuyaux, y compris le premier qu’il a posé. Pour certaines agences et pour certains clients, ça reste une condition sine qua non. Et ce ne sont généralement pas les moindres. Refuser de passer un test, c’est parfois risquer de se priver d’un volume important de travail.
Les bureaux ne donnent pas toujours suite aux tests. Non pas parce qu’ils ne sont pas satisfaits des résultats, mais parce que dans certains cas, leur but est d’étendre « préventivement » leurs bases de données fournisseurs. Ils ne sont donc pas pressés de faire corriger les tests. Et dans certains cas, les tests tombent purement et simplement aux oubliettes. Ca s’est déjà vu. Quand on débute, ça peut être intéressant d’obtenir un retour d’information pour savoir où l’on se situe. Mais rien n’empêche, cela dit, de demander au bureau de renvoyer les traductions une fois corrigées. Je le fais d’ailleurs encore régulièrement, quand j’ai un nouveau client ou quand je fais une traduction sur un sujet dont je n’ai pas l’habitude.
Certains bureaux peu scrupuleux s’offrent des traductions à l’œil en les divisant en « tests ». Heureusement, ça reste rare. Pour rappel, un test doit être petit (si on vous propose un test gratuit de 1.000 mots, il y a de bonnes chances pour que ce soit de l’arnaque), porter sur un texte général ou directement lié à un de vos domaines de spécialisation (ça ne doit pas être une traduction hyper technique sur un sujet auquel vous ne connaissez que dalle et qui va vous demander trois jours de recherches intensives), et ne pas être un travail qui sera facturé à un client (généralement, les agences puisent dans leurs anciens travaux et proposent d’ailleurs le même texte à plusieurs candidats).

Les agences auraient d’ailleurs elles aussi de bonnes raisons de ne pas faire passer des tests.

1) Les tests coûtent de l’argent : pas de client final, pas de recettes. Le traducteur n’est pas rémunéré, d’accord, mais le correcteur, oui. Si c’est un freelance, il faut le payer et si c’est un salarié, il n’est pas « productif » pendant qu’il relit les tests.

2)  J’ai plus d’une fois été contactée par de jeunes traducteurs me demandant de corriger leurs tests avant qu’ils les renvoient à l’agence. Dans certains cas, il s’agissait de bons travaux de bons traducteurs seulement un peu anxieux. Dans d’autres… euh… a bit less so. Je refuse d’ailleurs généralement, estimant que l’agence serait franchement trompée sur le produit. Je trouve que ça serait en soi un argument suffisant pour ne pas avoir recours à des tests.

3) Les tests ne se font généralement pas dans des conditions réalistes. Dans la mesure où il s’agit d’un travail non rémunéré, difficile de fixer des délais stricts. Par contre, 15 jours, ou même une semaine, pour traduire 300 mots, ce n’est pas un grand défi. Et dans certains cas, la traduction finalisée se trouve telle quelle sur Internet.

À méditer…

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