Un soupçon d’analyse financière…

Dans un billet précédent, j’évoquais mes débuts dans la jungle traductionnelle. J’aimerais y revenir (pas trop) brièvement. Et mon petit doigt me dit que ce ne sera pas la dernière fois.
Bon, autant vous prévenir tout de suite : ce billet risque de ne pas être très drôle, puisqu’il aborde un certain aspect des réalités économiques du métier de traducteur indépendant.

L’un des grands changements que j’ai pu constater dans ma jeune carrière, c’est la diversification de ma clientèle depuis ces 6-7 dernières années. Pour me faire une meilleure idée de la situation, je me suis amusée à créer de petits camemberts dans Excel. C’est bien, les camemberts Excel. Et puis ça fait toujours son petit effet.

En 1998, j’avais un (1) client en traduction (le bienheureux bénéficiaire du cours SAP post-édité, pour ceux qui suivent). En 2006, j’ai travaillé pour 18 bureaux. Depuis neuf ans, parmi tous les clients que j’ai vu défiler, un grand nombre sont devenus des clients fidèles et certains sont restés des clients ponctuels. Et puis il y a un certain nombre pour lesquels j’ai arrêté de travailler (généralement en raison de retards de paiement très prolongés – tous « dus au client final », bien sûr, vu qu’il n’y a pas de mauvais payeurs dans la profession, c’est bien connu – ou d’une attitude peu professionnelle de leur part – comme le client d’hier après-midi, qui voulait que je lui révise une traduction technique de deux mille mots allemand-français en une demi-heure.)

Mais à mieux y regarder, mon carnet de commandes n’est vraiment équilibré que depuis 2004. Avant cela, il y avait toujours un client qui dominait très clairement le tableau. Enfin, le camembert. Ainsi, en 1998, 1999 et 2000, la très grande majorité de mes traductions m’ont été commandées par un seul et même bureau. Les travaux effectués pour les autres agences ne sont que quantités négligeables. En 2001, deux autres « gros » clients entrent en piste. C’est déjà mieux. Mais pas encore assez diversifié. D’autant que l’année qui suit, je retombe dans mes travers en me concentrant à nouveau sur un seul client au détriment des autres. A peu près pareil en 2003. Après, manifestement, j’ai redressé la barre (mais bon, j’ai mis un terme à mes carrières « annexes » en 2003, il faut dire).

Depuis trois ans, je travaille donc pour davantage de clients, avec trois-quatre agences qui tiennent le haut du pavé. Mais avec une marge de sécurité suffisante pour ne pas me trouver en difficulté le jour où l’une d’elles fermerait ses portes. Car c’est bien là que je veux en venir, avec mes camemberts. Je me rends compte qu’instinctivement, j’ai fait ce qu’il fallait. Mais je pense aussi qu’il est important d’attirer l’attention des « jeunes » traducteurs (écoutez la vieille qui parle, ici !) sur l’importance de diversifier ses sources de revenus. Pensez aux sous-traitants de VW Forest qui ne travaillaient pour cette méga-usine parce qu’elle leur fournissait assez de travail. Il n’y a plus qu’à espérer pour eux que l’Audi A3 utilisera les mêmes composants que la polo…

 

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