You know what, folks? I’m happy!

Ca vient de me frapper là, bing bang, comme un retour de boomerang. Le 10 juillet prochain, il y aura 9 ans jour pour jour que je signais mon tout premier contrat avec un bureau de traduction. Et que je recevais ma première commande. Un truc délirant. Un cours SAP d’environ 100 (petites) pages à « post-éditer » (sprich le texte avait été prétraduit par un logiciel automatique de type « systran », enfin « logos » en l’occurrence, et il fallait « repasser dessus » pour qu’il ressemble à quelque chose et, idéalement, à la version française du texte source). J’ai cru mourir quand j’ai appris que je n’aurais « que » 10 jours pour boucler le job. Je revois ma tête dans le miroir de ma chambrette chez mes parents. Une traduction de 100 pages, c’est ce qu’un étudiant de dernière année doit produire pour son travail de fin d’études dans mon ancienne école. Généralement, on y consacre environ un an. Mais bon, on n’y travaille pas à temps plein, non plus. Cette première traduction, j’y ai travaillé comme une malade, jour et nuit, littéralement. Et j’y suis arrivée. Tout juste. Je l’ai renvoyée à 5 heures du matin le jour dit. Bon, OK, je l’avais relue au moins trois fois. Au moins. Et grand bien m’en a pris, puisque la PM de mon client, un grand bureau bruxellois, a été « agréablement surprise » de la qualité de mon travail. Aujourd’hui encore, ce bureau compte parmi mes meilleurs clients, même si je ne traduis plus de cours SAP. Depuis, j’ai appris à travailler plus vite et surtout à re-la-ti-vi-ser. Quoique.
Quelques mois plus tard, je faisais mes premiers pas dans le monde de l’interprétation professionnelle, après avoir réussi mon examen d’entrée dans une institution européenne que je ne citerai pas (vous savez, là, la toute grosse qui dirige tout depuis son bâtiment désamianté du rond-point Schuman à Bruxelles). Monde que je me suis dépêchée de quitter dans les années qui ont suivi, d’ailleurs. Trop strass/stress et paillettes pour moi, sans doute. Je m’accommode mieux de la solitude de mon petit bureau… Je suis un petit animal sauvage. Et ma paix n’a pas de prix. Même celui d’un eurocrate freelance.
J’ai aussi fait un petit détour par la case « enseignement », en dépannage. Mais, ça non plus, ce n’était pas mon métier. Même à lÉcole d’interprètes. Même pour donner les cours d’interprétation allemande. De toute façon, comment enseigner un exercice que l’on ne pratique plus soi-même et comment susciter de l’engouement pour une profession que l’on a abandonnée faute de passion ? Hein, franchement ? Il y a des personnes beaucoup plus qualifiées que moi pour ça.
Non, en fait, quand je regarde en arrière, je suis assez satisfaite de mon parcours. Je travaille aujourd’hui pour une douzaine de bureaux de traduction (ayant fait le choix, bien plus reposant, de ne pas démarcher directement auprès des entreprises), à partir de trois langues sources. Mon planning est bouclé – ou à peu près – plusieurs semaines à l’avance. Je fais un métier qui me passionne (la plupart du temps, en tous les cas). Je travaille dans mon propre bureau, à mes conditions, aux horaires qui me conviennent (enfin… presque). Et je peux même m’offrir le luxe de refuser les travaux qui ne m’agréent pas. Sincèrement, si c’était à refaire, je pense que je referais tout pareil. Avec les mêmes détours, les mêmes raccourcis et les mêmes erreurs. Pareil. Je suis une traductrice heureuse, je crois. Non, je suis sûre.

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